Description du projet Hyper-Forêt
Hyper-forêt est une pratique de terrain, une série de promenades collectives.
Depuis 2021, Cécile Tonizzo et Nicolas Couturier invitent des artistes, chercheurs, agents de la ville, habitants, à naviguer dans les friches arborées de l’Ile aux Épis de Strasbourg, à les décrire et à les nommer, de lexiques en toponymies.
C’est le point de départ d’un projet de dialogue autour, sur et avec les zones arborées urbaines de l'Eurométropole, issue des rencontres avec des scientifiques des projets Bioveins (étude de la biodiversité urbaine en Europe) et Evolville (étude botanique des prairies urbaines), avec François Chiron et Audrey Muratet.
En 2021, nous préparons des promenades, des parcours, avec enfants et adultes, en dessinant des cartes et en nommant des lieux pour se repérer. Ainsi, pour préparer ces assemblées des noms, groupes éphémères de descriptions, nous nous sommes retrouvés à jouer à notre propre jeu. Avec les participant.e.s sont apparues de nouvelles entités, membres de l’hyper-forêt, la forêt d’Islande, le bois du F, le bois des gradins d’hiver/bois roquette, le bois de l’arrière stade, le bosquet d’Alacier, le bois starlette, la plantation du mémorial, la forêt napoléon, le petit bois, le bois camouflage, la forêt impénétrable, le bois parking, la forêt du corridor nord et sud… Nous dégustons des beignets de fleurs de sureau, de l'eau de cerise et des pickles de tilleul.
En 2022, nous poursuivons en traçant une voie dans les roseaux avec François Chiron. À la nuit tombante, nous sortons de la roselière pour découvrir le parking d'un hôpital. Au lever du jour, rejoints par des noctambules, nous nous arrêtons pour écouter un petit oiseau, une rousserolle, qui lui-même nous écoutait, à quelques mètres de nous, invisible.
En 2023, nous tentons de transformer les deux heures de trajet en une journée de petite expédition. Avec une douzaine de participant.e.s, nous tentons de passer de bosquet en broussaille en roselière en friche en sentier planté, vers la pointe sud de l'île. Comme les années précédentes, nous partageons des aliments préparés, essentiellement à partir des arbres et plantes de l'île. Il y a des glaçons aux orties, des pâtes de noix, de l'eau de fleur de sureau. Léa Chemarin et Nicolas Parquereau ont préparé des tissus teintés des plantes de l'île.
En 2024, nous réitérons la journée d'étude en tentant de rester plutôt que de parcourir. Comment rester avec le soleil ou la pluie, comment se poser et s'allonger, prendre soin du lieu. Nous évaluerons l’hospitalité de cette friche, des ombres présentes et créées, des conforts et inconforts, jusqu’à la nuit tombante et la présence des moustiques. Nous discuterons à partir d’eux, ce qu’ils nous apprennent et nous font faire.
Par le partage d’un cahier d’images et de textes, créé pour l’occasion, les paroles des promenades précédentes nous accompagneront. S’y ajoutent les histoires d’enfants racontées lors d’ateliers, des récits vécus ou rêvés, des observations personnelles et des savoirs recueillis auprès des usagers et experts. Des imaginaires en ressortent construisant des récits que nous considérons sans hiérarchie. Ce sont par exemple ceux du devenir de la friche Napoléon, de la morille en ville portée par le bois raméal fragmenté, de la coupe de grands arbres et des désirs de rituels, des noms des arbrisseaux nouvellement plantés dans les espaces urbains par les enfants, de la forêt disparue de Vendenheim, de l’histoire de la crevaison du vélo et du ninja de la forêt.